...... "une autobiographie discursive romancée" ...... Au fil de quelques articles sur ... Prix Renaudot 1950 Roman Edtions Corréa
(Aujourd'hui en réédition numérique) Le jour du RENAUDOT, avec l'écrivain Charles PLISNIER (à gauche sur la photo, prix Goncourt en 1937) et l'éditeur et écrivain Edmond BUCHET (à droite sur la photo) ( Voir INA.FR )
"Molaine a obtenu le Renaudot. Arrivé le matin même, il n'a pas trop mal supporté les fatigues de la journée, malgré deux nuits de voyage... Il m'avait demandé de l'accompagner à la radio car il avait une peur panique du micro. Voyant sa nervosité..., Jean Duché, qui l'interviewait, semblait avoir presque aussi peur que lui; il a été très patient, très doux, très prudent." Edmond BUCHET, Les Auteurs de ma vie, Buchet-Chastel, Paris, 1969, page 170 Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Edmond_Buchet Voir aussi : Maurice NADEAU, Soixante ans de journalisme littéraire, tome 2, page 98, 2022 *** "C’est en 1947, au cours d’un séjour forcé de trois mois à l’hôpital militaire de Lyon, qu'il se trouve placé devant le spectacle particulièrement affligeant des pensionnaires des asiles d'aliénés. Il compatit profondément… et ainsi naît dans son esprit le chant obsédant des Orgues de l'enfer. Cet admirable, dialogue tantôt dramatiquement humain et tantôt grotesque, tantôt s’élevant sur les sommets de la poésie et tantôt sombrant dans une satire particulièrement amère, violente et désabusée, c'est pourtant à Céline, mais à un Céline mesuré, chatié et soucieux de la forme qu’il nous fait penser. Avec Pierre Molaine, le lyrisme rentre dans le roman contemporain et s'y arroge la place d’honneur. " Georges BOUDAILLE, Arts, 6 décembre 1950 *** "Les Renaudot ont couronné, eux aussi, un livre effervescent : cette histoire si brillamment écrite, ce conte fantastique et vécu : Les Orgues de l'enfer, de M. Pierre Molaine, où un fou, caché chez les fous, réussit à simuler la folie avec une perfection qu'eût enviée l'auteur du Horla. J'en ai parlé voilà cinq semaines. Je comparais M. Pierre Molaine à l'admirable jongleur Rastelli; je parlais de " haute école ". II y a de l'Edgar Poe, dans le génie - ingenium - de M. Molaine. Son talent n'était plus à découvrir. On le consacre, tel qu'il est, rusé, sagace, éclaboussant." Robert KEMP, Les Nouvelles littéraires, 7 décembre 1950 *** "Tandis que les Goncourt couronnaient une histoire morbide de garçonnets et de fillettes pervers jusqu’au sadisme, avides de sang et de souffrances, et autant dénués de vraisemblance que d’intérêt, les Renaudot décernaient leur prix à une autre histoire de fous, mais de fous qui s’avouent déments – encore que l’on ne sache plus très bien, au termes des Orgues de l’enfer, si Blancpain est ou non un simulateur, et si son récit est rêvé ou réellement vécu. Mais son talent de narrateur – ou plutôt celui de l’auteur, M. Pierre Molaine – est certain. Il possède un style puissant, coloré, un sens aigu du dialogue et de la mise en scène, un pouvoir d’évocation remarquable : récit, délire ou reportage, les Orgues de l’Enfer est un ouvrage hallucinant." Le Journal du soir, 19 décembre 1950 *** "... Pierre Molaine a une manière franche de s'attaquer à un sujet qui n'est plus tout neuf, mais qu'il connaît bien. On apprécie sa viguer, sa simplicité. C'est, à n'en pas douter, un écrivain dont on peut attendre des oeuvres de haute valeur et d'une belle facture." Henri PETIT, Le Parisien libéré, 5 décembre 1950 *** "... L'architecture de ce récit est ainsi musicale, obsessionnelle. Il possède, surtout, faut-il le dire, la valeur d'un témoignage authentique; car ces choses ne s'inventent pas. Et ce témoignage est rendu avec une charité, une fraternité dont l'accent vibre sans pathos. Pierre Molaine est certainement un homme de qualité, une âme d'exception, un caractère trempé. Ecrivain, il a beaucoup à nous apprendre de sa riche et amère science des coeurs et des destinées ..." Jean MOGIN, La Vie littéraire, 16 décembre 1950 *** " L’ouvrage, écrit dans une forme qui évoque par maints aspects la texture musicale, est traversé de refrains douloureux et de prières insensées, entrecoupé de rappels lancinants que déchirent par endroits des entrevisions de vie libre et équilibrée, et qui créent un envoûtement d’une oppressante beauté. Il y a là, tracées dans une prose d’un lyrisme discret, des pages d’un éclat sans défaillance, où sourd une chaleureuse fraternité humaine, si réconfortante et si rare dans la littérature contemporaine, que l’on voudrait, en dépit d’une certaine difficulté d’accès, due à la trop grande densité psychologique d’un style très ferme et très soutenu, recommander à chacun de lire ce livre, exact et vrai dans son intensité, comme un témoignage, et qui pose une fois de plus l’insoluble problème d’une humanité meurtrie à laquelle la science, en dépit d’expériences hasardeuses et cruelles, ne réussit pas à apporter le secours efficace de ces techniques nouvelles. " André GASCHT, Le Thyrse, Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique janvier 1951, Bruxelles *** " … Les Orgues de l’enfer nous introduisent dans un univers hallucinant qu’Edgar Poe n’aurait pas désavoué. Il est à craindre que la sombre et violente poésie de son récit dont l’action se passe derrière les murs d’un hôpital psychiatrique ne trouve pas tous les lecteurs qu’elle mérite. En ces temps de guerre froide, les gens aiment qu’on ménage leurs nerfs et qu’on leur propose une évasion salutaire. Or, les fous de Pierre Molaine ne sont pas précisément de tout repos, et le grand talent de l’écrivain leur confère une vie, une réalité, une puissance de suggestion qui pourraient bien nuire au succès du livre. Ce serait dommage ! Jean ROUSSEL, L’Orient-le Jour, 12 décembre 1950 *** " La semaine suivante, j'ai trouvé Pierre Molaine dans le bureau d'Edmond Buchet, son éditeur. Edmond Buchet est timide : il s’est empressé de nous laisser seuls. Comme l'auteur de ce livre tumultueux qui s'appelle les Orgues de l'Enfer est encore plus timide, nous n’avons pas procédé, pour commencer, à des échanges de vues impressionnants. Mais j'ai regardé Pierre Molaine tandis qu'il me parlait de ses origines dauphinoises, de ses pérégrinations à travers la France, de son installation à Lyon, de son premier roman : Samson a soif, qu'il m'assurait exécrable, et je me disais que cet homme - court, net et légèrement grisonnant - était certainement un modeste. Je lui en fis la remarque. - En tous cas, répondit-il, je vous assure que ce n'est pas de la fausse modestie. Joignant les doigts devant lui, pouces en haut, il m'expliqua qu'il n'avait voulu, avec les Orgues de l'Enfer, porter qu'un témoignage. Sur le monde consternant des fous, où le hasard l'a fait pénétrer. - Et à la première personne, parce que je suis incapable d'écrire un grand roman. - Qu'est-ce qu'un « grand » roman ? Il hésita : - Surtout, ne prenez pas cela pour une comparaison : un « grand » roman, c'est Balzac...
- Vous
préparez un roman « balzacien » ?
- J'en
ai terminé un. Il est raté, je vais le recommencer. C'est
alors que le contact s'établit. Nous parlons du surréalisme, dont
l'apport apparaît dans la richesse du style de Molaine, puis je lui
demande s'il n'a pas un autre projet. Il m'explique : - Voyez-vous,
monsieur, je suis catholique. Bon ou mauvais, je l'ignore, mais j'ai
traversé de
grandes épreuves. Depuis, je suis attaché à certaines vérités.
J'ai un fils : je voudrais écrire pour lui et pour tous les enfants
de son âge une histoire imagée des apparitions de la Vierge. Ici,
je dois faire un aveu : j'ai un goût pour la psychologie du
mysticisme.
Nous nous retrouvâmes bientôt confrontant les doctrines du moyen âge et la validité des témoignages depuis 1830. Pierre Molaine me parlait de Léon Bloy ; je pensais à Angelus Silesius. Le prix Renaudot était loin. Edmond Buchet n'aurait pas été content. Mais ce n'est pas si mal d'avoir, parmi ses poulains, un littérateur qui est aussi, simplement, un homme." Revue des deux mondes, Hommes et mondes, Vol. 14, n° 54 (janvier 1951), pp.105-107 Conversation avec Gérard CAILLET *** Among the Mad, Strange Laughter TIMES, avril 1953 *** "J’ai tenté naguère, dans un livre, de décrire des tourments indicibles. Les malades mentaux auprès desquels j’ai vécu durant quatre mois lucide, Dieu merci, et l’œil vif, mais le cœur déchiré, leurs fantômes, leurs démons m’accompagnent encore après cinq années pleines. Bébert, Coselli, Vieux Max, le Druide, vous me faites cortège dans mon cheminement solitaire, mes camarades. Je me souviens, j’entends vos voix, le cri soudain de Coselli appelant à tue-tête son fils imaginaire, les imprécations de Vieux-max contre le peuple du Gott mit, les prières insensées de Bébert au Dieu de miséricorde et d'amour. Miséricorde et amour…" Pierre MOLAINE, Nouvelles inédites, Edition Edilivre, 2011 *** Première page autographe du roman Les Orgues de l'enfer, prix RENAUDOT 1950 Le manuscrit, dont la trace avait été perdue, vient de réapparaître dans le domaine public (accompagné du tapuscrit d'une adaptation théatrale de l'oeuvre) à la faveur d'une vente aux enchères parisienne (DROUOT) en mars 2023. Puisse ce manuscrit trouver, un jour, sa place auprès des autres manucsrits de l'auteur, dans le "Fonds Pierre Molaine" de la Bibliothèque Municipale de LYON ~~~~~~~~~~~~~~ |
| ||||
| ||||
| ||||
| ||||
| ||||
| ||||
| ||||
| ||||
| ||||
| ||||
| ||||
| ||||
| ||||
|